Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 17:49
Un train déraille dans une gare fréquentée de l'Ile-de-France, Brétigny-sur-Orge, provoquant la mort de 6 personnes. Des dizaines de blessés, dont certains gravement, sont aussitôt évacués par les secours qui, comme toujours, effectuent un travail FORMIDABLE! Ce sont eux les héros du moment! Mais ne sont-ils pas des héros au quotidien ? Ils ne font pourtant pas la "une" des médias. Seul furoncle dans toute cette histoire tragique qui mériterait que l'on reste silencieux, par respect pour ceux qui ont perdu un parent ou un proche, les médias qui, une fois encore, s'en sont donnés à coeur joie. Hier soir, c'était à qui distillerait les mots les plus percutants pour retenir le téléspectateur devant son écran. Et comme à chaque fois, dans ce genre d'exercice, BFMTV, la chaîne de télévision qui pisse de l'info, s'est surpassée.
Imaginez, à 17 H 00, veille de week end de 14 juillet et de départ en vacances. Les journaleux de BFMTV n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent. Certes, avec un peu de chance, il se produirait sans doute un ou deux accidents de la route spectaculaires, meurtriers à souhait, samedi ou dimanche, à partir desquels ils pourraient faire "monter la mayonnaise" durant des heures. N'est-ce pas une spécialité maison de n'avoir rien à dire mais d'en faire des tonnes ? Mais à 17 h 14, dans cet après-midi ensoleillé et calme, tout a basculé, à commencer par plusieurs wagons du Paris Limoges. La suite, on la connaît. Le drame absolu comme toujours en pareil cas, avec des morts, des blessés et les inévitables miraculés. C'est un peu toujours le même scénario, hélas, qui nous rappelle, si nous l'avions oublié, que nous sommes tous mortels malgré l'existence de l'iPhone et de quelques gadgets technologiques.
Et là, la machine BFMTV s'est mise en marche, avec un seul mot d'ordre, occuper le terrain. Ce qu'il faut bien comprendre avec ces "pisseurs" d'infos, c'est que ce n'est pas informer qui les intéresse mais "garder" l'antenne coûte que coûte en faisant monter progressivement la mayonnaise. Et la règle est de "dramatiser" à outrance, alors que le drame se suffit à lui-même dans l'horreur. Résultat, une pauvre fille, sur place, avec un micro estampillé "BFMTV", que le journaliste en plateau appelle quasiment toutes les cinq minutes, alors qu'elle ne sait rien. Toujours 6 morts ? Eh oui, toujours 6 ... mais on laisse entendre aux téléspectateurs, sans doute terrorisés par les images qu'ils découvrent, que le bilan pourrait être bien plus lourd. C'est excitant n'est-ce pas, la mort en direct ? Merde, y'a pas d'images "volées" par des passagers à l'intérieur des wagons abîmés ?
Et la pauvre journaliste de BFMTV - mais peut-on raisonnablement la considérer comme une représentante de ce beau métier (quand il est pratiqué avec tact et une certaine éthique), la carte de presse n'étant bien souvent que le paravent de la médiocrité - de répéter inlassablement dans une quasi-hystérie que ce qui vient de se passer est un véritable massacre. Elle va jusqu'à parler de scènes de guerre. Alors même si des passagers du train ou des passants qui ont assisté au déraillement, choqués qu'ils sont, peuvent avoir prononcé ces mots, est-il souhaitable qu'elle les répète inlassablement ? Mais il est vrai que tout cela est bon pour l'audimat. Les citoyens aiment jouer à se faire peur avec la souffrance et le sang des autres, le cul confortablement posé dans leur canapé moelleux. Les minutes et les heures s'égrainent, et pendant que les ministres et le président de la République défilent l'un derrière l'autre - mais au fait, pour quoi faire à part dire quelques banalités de circonstances - la journaleuse-pisseuse d'infos tente vainement d'embarquer le téléspectateur dans son hystérie médiatique.
Passons sur le chapelet de toutes ces questions stupides posées, tant sur le plateau de la chaîne, que sur place - priorité à l'info - a des officiels et des experts qui sont quasiment sommés de nous expliquer pourquoi ce train à dérailler. "Pourtant, il ne devait pas s'arrêter à la gare de Brétigny-sur-Orge", nous rappelle un peu stupidement la journaliste qui, déjà pas très brillante jusque là, devient pour le coup carrément crétine. Là, c'est vrai, le train s'est arrêté, définitivement, et de manière pour le moins démonstrative. Alors dites nous, qu'est-ce qui s'est passé ? Tout est possible, y compris l'acte de malveillance. Heureusement, pour une fois, les crétins médiatiques ne vont pas jusqu'à évoquer "la piste d'Al Qaïda", cette fameuse piste, un peu rance, que l'on sert aux téléspectateurs, histoire de les effrayer un peu plus. Merde, on fait de la télévision de merde ou pas ? Franchement, quand on regarde BFMTV, comment ne pas avoir envie de tirer la chasse d'eau ?
Le Tribun en colère
Partager cet article
Repost0

commentaires