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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 00:00

A lire beaucoup de journaux et de magazines qui, pour pas mal d'entre eux, "encombrent" les kiosques - la presse c'est autre chose que de vendre du papier "souillé" par la publicité - on se dit que pour une grande majorité de journalistes, y compris les journalistes "locaux", l'Afrique doit se résumer à trois mots : guerre, famine, maladie. Le laveur de carreaux sénégalais qui était dans mon bureau ce matin s'en est étonné : "Il y a beaucoup de gens qui mangent à leur faim en Afrique, beaucoup qui sont en bonne santé, qui ne font pas la guerre mais cultivent la terre, cherchent des solutions aux problèmes, bien réels, de leur pays, innovent, créent ... ", s'enthousiasme-t-il, achevant sa phrase dans un éclat de rire franc. Là, j'en vois qui opinent de la tête. Mais au risque de les vexer, je pense que ce laveur de carreaux a beaucoup plus d'intelligence et de bon sens que la plupart des "petits gris" à cravate que l'on croise à longueur de journée, formatés dans leur pensée comme ils le sont dans leur tenue vestimentaire. Quelle tristesse!!!

 

Eh oui, ne vous déplaise - je parle à tous ceux qui bavent sur l'Afrique sans savoir ce qui s'y passe si ce n'est à travers le filtre grossier de la plupart des média - l'Afrique innove, l'Afrique créé et si l'Afrique a un jour le courage de nous botter le cul, nous les pays soi disant détenteurs de l'intelligence, et d'éradiquer définitivement certains chefs d'Etat particulièrement "toxiques" qu'elle abrite, nous avons du souci à nous faire. C'est donc sans doute pour cela que quand l'Afrique, ou certains des pays de ce continent, prend l'initiative de lancer un projet comme celui de la Grande Muraille Verte, la plupart des média s'en désintéresse totalement. Ainsi en 2004, les présidents de onze pays de la zone sahélienne ont décidé d'un commun accord d'édifier une bande forestière longue de 7 700 kilomètres et large de 15 kilomètres, entre Dakar et Djibouti. Objectif : arrêter la progression du désert, voire le faire reculer, afin d'enrayer la déforestation et la dégradation des milieux naturels. 

 

Imaginez un seul instant si les Chinois avaient eu la même initiative. Et ils le pourraient puisque ce pays abrite aussi de très grands déserts. Tous les journalistes de la planète en auraient gâcher du papier, pour sûr. Mais bon, à défaut de planter des arbres, les Chinois nous pondent une Exposition Universelle devant laquelle nous sommes tous béats d'admiration, sans jamais l'avoir vu, évidemment. Mais bon, c'est écrit dans le journal, c'est "vu à la télévision", donc ce doit être forcément vrai. Ah qu'ils sont étonnants ces Chinois!!! Mais bon, les Africains font aussi des choses. Il faudrait juste essayer d'aller les voir, de se renseigner, de montrer ce qui est fait, de les faire parler. En somme, il suffirait juste que les journalistes fassent leur boulot, sans a priori, simplement avec objectivité, un mot dont la profession semble s'être éloignée progressivement. 

 

La Grande Muraille Verte, la GMV en abrégé, est un sujet d'autant plus porteur qu'il représente la plus importante réponse africaine aux multiples défis environnementaux que ce continent et plus généralement la planète vont devoir relever tôt ou tard. Alors cette muraille, aujourd'hui, elle ne fait qu'émerger, par petits îlots, lentement certes, ses moyens étant limités, mais elle avance. Qui plus est, elle représente un véritable laboratoire à ciel ouvert unique en son genre pour les chercheurs du monde entier, et en particulier ceux de l'Observatoire Homme/Milieux "Grande Muraille Verte" (OHM-GMV) de Tessékéré, au Sénégal, qui assure le suivi écologique et environnemental de l'activité humaine autour de la GMV, une tâche menée en collaboration avec les laboratoires de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar et les chercheurs français du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).

 

Des étudiants américains, mais aussi quelques Français, ont participé aux premières campagnes d'installation des plants. Mais le courage et l'enthousiasme sont toujours les bienvenus. Alors au lieu de bronzer idiot et de "cultiver" le mélanome pour les décennies à venir, renseignez-vous. Le soleil est garanti, donc pas de problème pour les accrocs de la peau "hâlée". Quant aux autochtones, ils sont sympathiques et accueillants. Ils vont même jusqu'à accepter les journalistes. Alors, laissez vous tenter. Vous aurez enfin l'impression de servir à quelque chose! Ah, j'allais oublier : il faut évidemment du courage, c'est indispensable.


Le Tribun en colère

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commentaires

M
<br /> J'aimerais partager votre optimisme, Jean-François, mais l'Afrique semble définitivement considérée par les "pays du Nord" (qui la jugent avec leurs propres critères et essaient de les lui imposer)<br /> comme le continent de toutes les désespérances, de toutes les turbulences et de l'extrême pauvreté. Elle est mal aimée, négligée (par les médias hexagonaux, du moins par certains médias.). Elle est<br /> pourtant, comme vous le dites, un immense réservoir de richesses naturelles et humaines). Mettons tous nos espoirs dans ses nouvelle élites. Comme disait Malraux, "l'espoir est un des mots les plus<br /> exaltants de l'Histoire"<br /> <br /> <br />
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