A lire les derniers commentaires sur l'Affaire, on sent bien que les avocats de la défense de DSK, dont le "ténor" du barreau de New York, Benjamin Brafman, ont beaucoup de mal à admettre que la jeune femme, supposée avoir été agressée, est une personne apparemment sans histoire. Eh oui messieurs, cela existe des gens humbles, sans histoire, qui bossent dur au quotidien, juste pour permettre à leur famille de survivre décemment, pendant que d'autres, parmi vous, se vautrent dans le fric et tentent de "gommer" leur animalité, parfois non maîtrisée, dans des costumes de luxe. Sortez de votre monde, qui ressemble, à s'y méprendre, à celui de la finance, un monde "irréel", pour aller jeter un oeil sur le vrai monde, celui de l'économie réelle. Mais ne vous approchez pas trop car vous "puer" le fric.
Au passage, le Tribun remarque que dans cette histoire, le "clan" du présumé innocent est composé de personnes qui ne peuvent qu'être "exceptionnelles". DSK ne l'était-il pas à la tête du FMI et en tant que "présumé candidat" aux élections présidentielles de 2012 ? Du moins ses communicants nous le "vendaient" ainsi, comme l'homme "hors du commun". Mais qu'a-t-il fait de si "extraordinaire" durant ces dernières décennies ? Ses avocats sont donc forcément des "ténors", eux aussi des êtres humains comme il n'en existe que très peu, c'est évident puisqu'ils font acquitter des gens, eux aussi, exceptionnels. Quant à la femme de DSK, Anne Sinclair, elle est forcément admirable, selon Robert Badinter qui, sanglots dans la voix, semble nous rejouer sans cesse l'abolition de la peine de mort.
Donc d'un côté, que des gens "étonnants" ... ne cherchez pas, vous n'en faites pas partie. De l'autre, une jeune femme Peul de Guinée, femme de ménage au Sofitel, bien notée par ses employeurs. Une de ces anonymes dont tous, ou quasiment, nous faisons partie, avec des qualités et d'inévitables défauts. Mais un profil "par normal" aux yeux des avocats de DSK, trop beau pour être vrai. D'où leur stratégie, si l'on peut qualifier ainsi leur démarche, qui va consister à "trouver" coûte que coûte quelque chose, qu'il s'agisse d'un petit caillou ou d'une faille dans la vie de cette jeune femme qui a eu la malchance de croiser ce soi disant "séducteur". Encore adolescente, cette femme n'aurait-elle pas embrassé un camarade, montrant ainsi dès cette époque un goût prononcé pour le sexe ? Plus jeune, a-t-elle volé des bonbons chez l'épicier du coin ? Et puis ne la voyait-on pas souvent en compagnie de garçons ? Déjà le vice dans la peau, si jeune!
Grassement payés pour ce travail "de fouille-poubelle", les avocats de DSK vont donc s'évertuer à ternir le profil de cette femme sans histoire. Car peu leur importe de faire la vérité, autrement dit de savoir si leur client de luxe a agressé ou non cette femme de ménage, leur unique objectif étant l'acquittement. Et pour y parvenir, ils ne vont pas lésiner sur les moyens mis en oeuvre, avec, en particulier, le recours à des cabinets de détectives privés, dont les moyens illimités leur permettront, s'il le faut, d'aller fouiller jusqu'en Guinée et "violer", soi-disant en toute légalité, l'intimité de la famille et des proches de cette femme. Et l'on appelle cela "justice" ... L'opération a déjà commencé au niveau de la communication. "Il sera acquitté" clame Brafman. "Il m'a beaucoup impressionné ... il tient bien le coup", ajoute-il en parlant de DSK. Il faut convaincre les masses ... juste avec des mots. Quelle comédie! Une comédie qui ne semble pas choquer grand monde, en particulier parmi ceux qui se sont émus, jusqu'aux larmes, de la soi-disant "mise à mort médiatique" de leur ami!
Décidément, l'homme ne cesse d'évoluer matériellement en s'entourant de plus en plus d'outils technologiques qui sont sensés améliorer sa vie. Mais moralement, il n'a guère progresser par rapport à son ancêtre Cro-Magnon et de nombreux exemples observés au quotidien sont là pour en apporter la preuve. Les costumes de luxe, les chaussures de bottiers célèbres, les voitures haut de gamme, les immenses appartements dans de beaux quartiers ... tous ces accessoires sont autant de paravents pour cacher discrètement l'inavouable.
Nul doute que si le supposé agresseur de cette jeune femme avait été un type fauché, mal rasé, l'oeil pervers et la goutte au nez, qui plus est mal habillé, chaussé de savates en plastique et vivant dans un quartier populaire, personne n'aurait contesté la réalité de l'agression. Quant aux avocats célèbres et fortunés, ils ne se seraient pas précipités pour le défendre, y compris si son innocence était apparue comme crédible. On devrait relire plus souvent Jean de La Fontaine et son prédécesseur Esope.
Le Tribun en colère