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22 février 2015 7 22 /02 /février /2015 12:43
Affirmons-le tout de suite, afin d'éviter les incompréhensions ou les fausses interprétations qui sont de plus en plus courantes en ces temps troublés et particulièrement malsains, Timbuktu, l'oeuvre du Mauritanien Abderrahmane Sissako, est un bon film. Pour autant, n'en déplaise à ses nombreux zélateurs - qui l'ont encensé et continuent de le faire sans aucun doute pour des raisons qui n'ont pas grand chose à voir avec ce 7ème art qu'est le cinéma - Timbuktu n'est pas un chef d'oeuvre, loin s'en faut. En mai dernier, au Festival de Cannes, beaucoup de ceux qui sont chargés de nous dire ce qu'il faut voir ou ne pas voir - ceux que l'on appelle les "critiques" - s'étaient étonnés que Timbuktu ne décroche pas la Palme d'Or ou, pour le moins, une récompense à la hauteur de ses supposées qualités de "grand film". A croire que Jane Campion, Présidente du Jury de cette édition 2014 du Festival de Cannes, qui sait de quoi elle parle en matière de cinéma, qui plus est de long-métrage, avait compris depuis bien longtemps, tout comme beaucoup des membres de son jury, qu'un bon film n'est pas forcément un chef d'oeuvre. Oui mais voilà, notre époque est à l'émotion et notre cerveau reptilien tourne à plein régime, d'où cet engouement - quand même "un peu" encouragé par les médias - pour ce film présenté comme un (LE) réquisitoire contre l'intégrisme et l'obscurantisme. Il n'en fallait pas plus. Les 7 césars de vendredi soir ne sont donc pas une surprise, mais la suite logique pour un film qui a su surfer et "surfe" encore sur certaines de nos angoisses, de nos préoccupations et de nos inquiétudes d'Occidentaux, apparemment en péril "culturel". Cette même "vague", qui s'est encore renforcée avec les odieux attentats de ces derniers mois en Europe, lui permettra-t-elle de décrocher la récompense suprême, l'Oscar du film étranger, ou un "reste" de raison finira-t-il par juger ce film tel qu'il doit l'être, bon mais pas plus, comme un reflet d'une époque plutôt que comme un chef d'oeuvre intemporel.
Le Tribun en colère
A lire : http://mondafrique.com/lire/societe/2015/02/20/abderrahmane-sissako-une-imposture-mauritanienne
A voir : https://www.youtube.com/watch?v=UNJQxU7__7A
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commentaires

C
Votre regard me paraît juste. Vous analysez bien les choses, Tribun. – Pour ce qui est des Oscars, la France est rentrée bredouille pour une raison sans doute plus politique qu'artistique : les lobbies sont en ce moment, à cause du problème ukrainien, vent debout contre la France.
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N
Je serais incapable de l'exprimer aussi bien que vous, mais je ressens exactement la même chose. L'énorme succès de ce film est certainement lié aux événements dramatiques du 7 janvier. Les échos tellement dithyrambiques qui l'ont accompagné m'avaient pour un temps dissuadée d'aller le voir. J'y suis allée... et je n'ai pas retrouvé ces qualités exceptionnelles, du moins dans le domaine purement cinématographique., qu'on lui prêtait.
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L
Nous sommes d'accord Nicole. C'est un bon film "documentaire" (et encore, car un documentaire demande de la rigueur intellectuelle absente de ce film), mais qui n'a rien d'extraordinaire sur le plan purement cinématographique. Quant au scénario, franchement, il est assez pauvre! Au contraire des Français (du moins certains milieux), les Américains ne s'y sont pas fait prendre en ne lui accordant pas l'Oscar du film étranger. Preuve que parfois la justice existe ici bas.